S.O - RG - Interview - Demi-finale vs David Ferrer

 

 

 

Interview de Rafael NADAL

 

R. Nadal/D. Ferrer

6/2 6/2 6/1

 

Même pas mal !

 

 

Q. Rafa, tu as remporté des matches mémorables sur ce court central. Comment évalues-tu ce match d'aujourd'hui ? 

R. Certainement l'un de mes meilleurs matchs sur ce court. Je pense que j'ai pratiqué un solide tennis aujourd'hui. Les conditions n'étaient pas simples aujourd'hui. Il y avait du vent. Je pense que j'ai fait les bons choix. Pendant tout le match, mon service a très bien fonctionné, j'ai varié les angles. Mon revers était excellent aujourd'hui. J'ai frappé bien en coup droit pendant tout le tournoi. Aujourd'hui n'a pas fait exception. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai joué très proche de la ligne du fond de court. Lors des matchs précédents, je me disais qu'il fallait que je joue plus près de la ligne de fond de court et que je rentre davantage dans le court. Il va falloir que je pratique de la sorte, que je fasse la même chose pour le prochain match. Je suis désolé pour David c'est un grand combattant. Il est toujours présent semaine après semaine C'est une remarquable victoire  aujourd'hui. Remporter un match contre l'un des meilleurs joueurs du moment et l'un des meilleurs joueurs du monde, je pense que j'ai fait une belle partie.

 

Q. Tu es proche de la perfection d'après toi, dans quelle mesure ?

R. Je ne crois pas en la perfection. Je n'aime pas parler de ce mot. La perfection n'existe pas, on peut toujours mieux jouer et s'améliorer. Je suis ravi de la façon dont je joue, c'est clair. Aujourd'hui, c'est mon meilleur match du tournoi. C'est fantastique de pratiquer son meilleur tennis lors d'une demi-finale notamment contre l'adversaire qui était difficile aujourd'hui.

 

Q. C'est plus facile de prendre le service de l'adversaire sur la terre battue. On a pris qu'une seule fois ton service durant le tournoi, c'est remarquable, comment tu expliques cela ?

R. Bien sûr, c'est plus facile de s'emparer du service de l'adversaire sur terre battue. Les deux premiers tours, mon service n'a pas très bien marché. Je n'ai pas très bien servi. J'ai perdu une seule fois mon service au premier tour contre Bolelli. Au deuxième ou troisième set, je ne sais pas. C'était 4-0 30-0, je crois. J'ai très bien joué de la ligne du fond du court, depuis le début du tournoi. Je n'ai pas commis d'erreur après les deux premiers tours. Mon service a bien marché, j'ai bien servi, un très bon pourcentage de premières balles, beaucoup de variations dans mon service, cela m'a beaucoup aidé. J'ai très bien joué de la ligne du fond du court, j'étais très agressif avec mon coup droit, je n'ai pas commis d'erreur. J'ai perdu mon service mais c'était un peu un hasard. Aujourd'hui, j'ai eu quelques balles de break contre moi mais j'ai pu sauver la mise. Il faut un peu de chance, notamment sur son service pour ne pas être breaké.

 

Q. Tu es très concentré lorsque tu commences un match. Es-tu surpris ou déçu que lors du premier set de cette demi-finale, il n'y avait pas énormément de monde ? Il y avait des sièges vides.

R. L'heure n'était pas appropriée, c'est pour cela qu'il y avait des sièges vides. On a commencé à une heure. J'ai joué tous les jours avec les tribunes plutôt bien garnies. Ce n'est pas très décevant parce que depuis le troisième tour, même depuis le début, je joue quand même avec un public qui est là. Jouer à une heure, c'est un peu tôt. À la fin du match, les tribunes étaient pratiquement remplies. Je ne me souviens pas très bien mais les deux ou trois dernières années, on commençait à 2 heures l'après midi. C'est ça ?  14 heures, vous confirmez ? Non, toujours à 13 heures apparemment. J'avais le sentiment que l'on commençait à 14 heures par le passé.

 

Q. Un super point pendant ce match, un très long échange avec plus de 30 coups de raquette, tu es tombé sur le dos. Comment tu as réagi quand tu as glissé ? Qu'as-tu pensé de ce point ? Que signifie ce genre de points en matière de tennis ?

R. C'est une combinaison de plusieurs paramètres. La confiance, parce que je jouais très bien à ce moment-là. Je haussais mon niveau de jeu. Je crois que c'est au deuxième set que je suis tombé. Au début, c'est ça ? À 30 A, c'est ça. En fait, à 2/1, j'ai fait quelques bons jeux. J'ai joué 5 ou 6 jeux,  j'étais très solide. Je suis arrivé à cette situation à 30 A : un point fantastique, je tombe mais je voyais très bien la balle. Même si j'ai perdu l'équilibre et même si je suis tombé, je regardais la balle, j'étais concentré sur la balle. Même si j'étais au sol, j'ai eu le temps de frapper la balle dans une position plutôt acceptable. C'est tout.

 

Q. Félicitations. Tu as perdu deux jeux contre Monaco, un très bon joueur, un joueur très bien classé. Aujourd'hui, le numéro 6 du monde a remporté simplement 5 jeux. Qu'est-ce que cela indique du niveau de la compétition sur terre battue, et notamment aux yeux des autres joueurs ?

R. Vous savez, les adversaires sont toujours très forts. On ne peut pas s'attendre à ce que l'adversité soit moins forte cette année que par rapport à l'année dernière. Je pratique un tennis très élevé sur terre battue depuis 2 ou 3 matchs. C'est ce qui explique le résultat. En 2008, je pense que c'était assez similaire. Pour obtenir de tels résultats, il y a plusieurs faits qui expliquent tout cela. Aujourd'hui, j'étais mené 2  jeux à 1 mais j'ai très bien servi. S'il avait mené 3/1, que se serait-il passé ? Il jouait mieux que moi au début du match mais j'ai continué à aller de l'avant C'est le tennis, c'est le sport. Parfois on se sent bien, on a le sentiment que tout va en sa faveur. Parfois, on pense que les choses vont différemment mais depuis le début de la saison, je joue très bien. Ma saison sur terre battue est presque parfaite. On verra ce qui va se passer en finale. Le match va être difficile. Peu importe ce qui se passe pendant tout le tournoi, la finale va être un match spécial contre le numéro 1 ou le numéro 3 du monde. On verra bien, ce sera un match délicat.

 

Q. Je voulais te poser des questions mais tu as déjà répondu. Ta confiance n'a jamais été aussi élevée. C'est la quatrième fois que tu atteins la finale sans concéder un set, c'est complètement différent des précédentes fois puisque parfois tu avais perdu un set en atteignant la finale. Tu joues mieux que jamais et tu ne donnes aucune chance à ton adversaire. 

R. Je ne pense pas à cela : atteindre la finale sans perdre un set. Ce n'est pas mon point de vue. Je suis en finale, je joue très bien et j'espère pouvoir jouer un bon match pour la finale. C'est très difficile de comparer ce que je ressens entre 2008, 2010 et cette fois-ci. Les situations sont différentes, les expériences sont différentes. En plus, je suis plus âgé maintenant, plus expérimenté. Avec l'expérience, on peut perdre en jouant très bien et parfois, on gagne sans jouer très bien. Il faut rester calme, il faut se battre sur chaque point. Je dois être prêt pour dimanche et j'espère pouvoir remporter le match. Plus ou moins de confiance par rapport à 2008 ou 2005, cela m'importe pas. La seule chose qui importe est de savoir comment je vais jouer dimanche.

 

Q. 28 des 29 derniers Grands Chelems ont été remportés par les 3 premiers grands joueurs mondiaux. Peux-tu nous donner des informations là-dessus ? On n'a jamais vu cela dans le tennis auparavant.

R. Je ne suis pas la personne indiquée pour vous donner une réponse parce que tout ce que je pourrais dire pourrait paraître arrogant. Je ne veux pas répondre à cette question. Il faut poser cette question à d'autres, pas à moi. C'est ma réponse. C'est difficile pour moi de répondre à cette question.

 

Q. On t'a vu lorsque tu entrais sur le court, Nelson Monfort te parlait en espagnol et tu répondais en français. Pourquoi as-tu fait cela ? C'est bien et on comprenait bien d'ailleurs.

R. Le français est un peu similaire au catalan. Ce sont des langues assez similaires finalement. Il y a quelques mots que j'ai appris à force. Parfois j'ose le parler, parfois je n'ose pas.

 

Q. Félicitations, tu l'as déjà dit en anglais mais comment te sens-tu face à la finale ? Tu es aussi content que les années précédentes ?

R. Merci. Je suis ravi et je suis vraiment très motivé, autrement je ne serais pas là. Je suis très content et motivé, on ne peut pas aborder une finale dans un tournoi comme celui-ci si on n'est pas motivé, si on n'a pas l'énergie suffisante. Je suis ravi. Je suis très content.

 

Q. Rafa, c'est ta septième finale à Paris, qu'est-ce que cela signifie pour toi maintenant que tu vas en finale ?

R. Cela signifie que je joue bien, que je suis en train de faire les choses bien, que je m'améliore par rapport à l'année dernière. Les choses se goupillent bien depuis le début de l'année. C'est tout. Par la suite, jouer la finale d'un Grand Chelem est quelque chose de spécial. Pour moi, ce tournoi est très spécial. Je suis très content d'être arrivé en finale et de la façon dont cela se déroule, c'est un excellent tournoi pour moi. On verra après ce qui se passera à la finale. Je serais vraiment très content si je gagnais mais la meilleure satisfaction est de récolter les fruits des années de travail et surtout de changer un peu le style, un peu plus agressif légèrement. Quoiqu'il arrive lors de la finale, je suis déjà très content, je suis ravi car je m'améliore. J'ai franchi une étape, j'améliore mon niveau légèrement par rapport à l'année dernière. Si je gagne, si je perds, on verra bien ! Je suis déjà content parce que j'ai amélioré mon niveau. L'an dernier, je n'ai pas très bien joué. Cette année, je pense que je joue très bien mais c'est le sport. Jusqu'à maintenant, tout va bien et je vais continuer de travailler. Dimanche, je vais tout donner mais je vais continuer comme cela.

 

Q. Tu as dit que tu as franchi une étape. Crois-tu avoir atteint ton meilleur niveau en terre battue ou es-tu tout près de ton meilleur niveau ?

R. Je ne me rappelle pas très bien, tu me parles de 2008, ou 2010 ? Ou 2005. Je ne me rappelle pas. C'est compliqué, je ne me rends pas bien compte. La seule chose que je sais, c’est que je fais des choses similaires mais j'ai changé un peu aussi. J'ai réussi à maintenir un niveau très élevé, c'est très positif et important  d'avoir des sensations correctes et d'avoir l'impression que l'on progresse. Je pense que c'est important, du moins cette motivation de vouloir apprendre encore, de faire des choses bien, de mieux en mieux. Voilà ce qui me motive, ce qui me rend heureux. Je ne parle pas vraiment en termes de résultats. C'est la conséquence logique de tout ce que je viens de dire. Mes objectifs, comme je l'ai toujours dit, c'est d'être meilleur tous les jours.

 

Q. Tu arrives à la septième finale à Roland Garros avec un score de 6-2 6-2 6-1. Tu as 51 victoires, 58 sets consécutifs gagnés en terre battue. C'est incroyable ces statistiques, c’est presque inhumain. C'est extraordinaire.

R. Non, c'est tout à fait humain, je pense que les choses peu à peu se mettent en place, le travail se fait au jour le jour. Les résultats sont atteints au jour le jour sans y penser vraiment. À chaque fois que je rentre dans le court, je sais bien que je risque de perdre. Il faut être humble et savoir que l'on remet les choses en jeu et que les statistiques ne sont pas tombées du ciel non plus. C'est en fait le travail au jour le jour. C'est également grâce à cette motivation de vouloir être meilleur tous les jours. Sans tous ces ingrédients, on ne peut pas arriver à ces résultats que tu viens de me donner, dont je n'étais pas conscient. Par la suite, il faut continuer de travailler, rester concentré d'ici dimanche et pour finir cette saison qui est excellente pour moi. Je suis très reconnaissant de la vie, de ce que la vie m'a donné jusqu'à aujourd'hui.

 

Q. Tu as gagné des points incroyables, des jeux incroyables même lorsque tu étais assis par terre, cela t'es déjà arrivé de gagner un point de la sorte ?

R. Oui, je pense. À Wimbledon, c'était presque cela. C'était un passing-shot mais je ne me rappelle plus si j'ai gagné ou pas. C'était Wimbledon ou au Queen's. Je l'ai réussi. Ou même à Wimbledon et Queen's, une fois contre Federer, une fois contre Djokovic. Je suis tombé lorsque je pouvais encore atteindre la balle. Je voulais monter au filet mais la balle était trop basse. Je n'arrivais pas à la prendre à la volée, donc je suis tombé. Dans tous les cas, je n'ai jamais perdu de vue la balle. Je ne dis pas que c'est facile, je n'ai pas senti non plus que c'était facile. Je n'ai jamais perdu la balle de vue. Après quand je me suis aperçu que je ne pouvais pas la prendre à la volée, j'ai vu qu’elle était à la hauteur pour que je puisse la frapper.

 

Q. En résumé, depuis 2005 jusqu'à aujourd'hui, du point de vue du tennis, quels ont été tes apprentissages ? Tu as été enrichi dans ton tennis ?

R. Bien sûr, tu apprends tous les jours. Tu essaies d'intégrer des nouveaux éléments. Parfois tu perds quelques ingrédients. J'ai peut-être perdu un peu d'énergie. J'étais vraiment très jeune, tout était une nouveauté pour moi. Il y a peut-être un peu moins de nouveautés. Autrement, je pense que les jeux sur surfaces différentes sont différents. Je l'ai déjà dit, je pense, à la première conférence de presse. Avant je jouais beaucoup de tournois, maintenant je joue presque la moitié des tournois sur terre battue par rapport au début. Je pense que mon placement sur terre battue est meilleur. La nouveauté est moindre, cette espèce d'électricité que je sentais au départ est un peu moindre mais mon tennis s’est enrichi.

 

Q. Tu as déjà dit auparavant lors de conférences de presse que tu as beaucoup de confiance cette année, que tu es plus agressif, que tu as un niveau plus élevé par rapport à l'an dernier. Tu l'as déjà ressenti depuis l'Australie même si tu as perdu en finale.

R. Si je perds, je dirais la même chose, cela ne change rien.

 

Q. La question est : au-delà de ton meilleur niveau depuis l'Australie, ne crois-tu pas que les victoires contre Djokovic à Rome et Monte-Carlo ont été extrêmement importantes pour que tu puisses sortir ce niveau de jeu à Roland Garros ?

R. Non. Les victoires arrivent lorsque tu as atteint un certain niveau de confiance et sérénité. Mon niveau de jeu, je l'avais depuis déjà l'Australie. En Australie, j'ai perdu 7 points d'affilée mais mon niveau pendant pratiquement tout le tournoi est similaire à celui-ci. La surface était plus rapide, les conditions étaient plus compliquées, mon niveau était très élevé. J'ai perdu en finale. Comme je peux la perdre ici dimanche. Après avoir perdu la finale en Australie, je me suis dit que j'étais tout de même satisfait. J'avais un bon niveau, j’étais content de ce tournoi. J'étais triste parce que j’avais perdu mais je me sentais fier de la façon dont j’avais joué, lutté. Il y a eu une balle, le passing-shot, le revers le long de la ligne assez facile, j'ai raté mais c'est la vie. C'est le sport. Il faut l'accepter.

Le fait de gagner ou de perdre ne devrait pas nous faire perdre de vue la perception de la réalité. À Rome et Monte-Carlo, j'ai gagné parce que mon niveau était meilleur contre Djokovic. Aujourd'hui, je gagne ici parce que mon niveau est peut-être meilleur. Le fait d'avoir gagné contre Djokovic m’a donné plus de confiance. Il y a des séries positives, comme des séries négatives. Cela ne tombe pas du ciel. L'analyse a posteriori, il faut la faire mais sans pas trop aller dans les erreurs de perception. Il faut voir les choses en face. Si aujourd'hui, tu gagnes et demain, tu perds, il y a toute une série d'ingrédients qui se mettent en place. C'est la vie du sport. C'est assez simple en fait, il ne faut pas aller chercher trop loin.

 

Q. Je crois que parfois je t'ai entendu dire qu'en Australie, tu as trouvé le chemin. Parfois tu dis que c’est lors du troisième set de la finale à l'US OPEN.

R. À New-York, j'ai franchi une étape d'un point de vue du mental. J'ai franchi un niveau d'exigence élevé. Je suis allé jusqu'à mes limites, ce que je n'arrivais pas à faire auparavant. En Australie, j’ai poussé Djokovic jusqu'à ses limites parce que j'ai beaucoup couru, parce que j'y croyais vraiment jusqu'au bout. J'ai tout donné. Mentalement, la situation était différente en Australie par rapport à celle de l'US OPEN. J'étais plus reposé mentalement à New-York.

Il s'agit d'un document de travail à l'usage des journalistes, rolandgarros.com n'est par conséquent pas responsable des éventuelles maladresses de syntaxe..

 

Rafael Nadal of Spain speaks during a pre-final news conference during the French Open tennis tournament at the Roland Garros stadium in Paris June 9, 2012.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
M
<br />  <br /> <br /> <br /> Ils sont toujours aussi nuls les journalistes, Rafa a raison, les 1/2 finales ont commencé à 14h, en 2011, c'est seulement avant que ça commençait à 13h, je me souviens bien de la 1/2<br /> Rafa/Djokovic en 2008, j'y étais et ça avait commencé à 13h.<br />
Répondre
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog