Le Figaro - Depuis la galerie Kartner, Rafa confesse...

 28 mai 2012
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Rafael Nadal : «Je me sens soutenu par le public français»

Par Cécile SolerMis à jour le 28/05/2012 à 12:37 | publié le 28/05/2012 à 11:24

Tenant du titre à Paris, Rafael Nadal reste sur une victoire face à Novak Djokovic au Tournoi de Rome, la semaine dernière. Crédits photo : FRANCESCA CECIARINI/CORDON/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS

INTERVIEW - Le champion de Roland-Garros, qui vise un 7e titre record à Paris, aborde la quinzaine en confiance. Et il parle d'art.

Vendredi soir, lors du vernissage d'une exposition de quatre artistes des Baléares à la galerie Kartner, nous avons rencontré Rafael Nadal. Chemise noire, jean sombre et sourire engageant, le roi de la terre nous a parlé beaucoup de tennis et un peu d'art avant d'affronter mardi l'Italien Simone Boletti.

LE FIGARO. - Selon vous, quel a été le meilleur de tous vos Roland-Garros?

Rafael NADAL. - (Sans hésiter) 2008. À partir des huitièmes de finale, je n'ai jamais aussi bien joué que cette année-là. J'ai gagné contre Verdasco sur un score très net, puis j'ai fait un match fantastique contre Almagro. Et ma demi-finale contre Djokovic est le meilleur match que je n'aie jamais joué à Paris.

Vous avez repris l'ascendant sur lui, mais cette série de défaites contre Djokovic l'an dernier et jusqu'à Melbourne en début d'année vous a-t-elle fait penser que vous étiez fini?

Non. Quand le match est terminé et qu'on l'analyse, cela relativise un certain nombre de choses. À Indian Wells, je jouais mieux que lui au premier set et au début du deuxième, puis j'ai commis une grosse erreur et j'ai perdu. À Miami, j'ai perdu 7-6 dans le troisième set. À l'US Open, après avoir remporté le troisième set j'ai eu des ouvertures dans le quatrième. À Melbourne, j'aurais pu perdre en quatre sets, mais j'aurais dû gagner le cinquième. Je n'étais pas loin et même si je jouais bien, je n'étais pas à mon meilleur niveau. Alors si je joue mieux, pourquoi je ne gagnerais pas la prochaine fois?

Vous affirmez qu'il n'y a pas de malaise entre vous et le public parisien, mais l'atmosphère autour de ce match perdu contre Söderling en 2009 ne vous a-t-elle pas marqué?

Sérieusement, je ne vois pas où est le problème. Quand je me promène dans les rues ici, les Parisiens me témoignent leur affection. Tout le temps. Je comprends aussi, lorsque je suis sur le court, que j'ai eu beaucoup de réussite ici et que la foule a envie de soutenir mon adversaire. C'est quelque chose que je respecte. J'adore ce tournoi, j'adore ce stade et c'est difficile pour moi d'exprimer quelque chose de négatif. Mais je ne vais pas mentir. Ce qui s'est passé en 2009 quand j'ai perdu était décevant. Je vivais un moment difficile, et avoir l'impression que tout le stade était - non pas pour mon adversaire - mais contre moi, c'était dur. À l'exception de ce jour-là, jamais la foule n'a été contre moi à Paris et là, je parle avec mon cœur. L'année dernière en finale contre Roger (Federer), je n'ai pas senti le public contre moi. Il était partagé 50-50. Et d'une façon générale, je me sens très bien soutenu par le public français.

Vous êtes perçu comme quelqu'un de naturellement très fort physiquement. Mais à quel point devez-vous travailler pour bénéficier pleinement de ces capacités génétiques?

J'ai toujours beaucoup travaillé sur le court. Et en dehors, nous faisons surtout de la prévention de blessures. Mais aujourd'hui, ce n'est plus comme il y a une dizaine ou une douzaine d'années où je pouvais m'entraîner six heures dans la journée. Quand j'ai commencé sur le circuit, si je ne tapais pas pendant deux semaines, je perdais complètement mon rythme. Aujourd'hui, si je ne touche pas une raquette pendant douze ou quatorze jours, je n'ai pas forcément de mauvaises sensations lorsque je reprends l'entraînement.

Est-ce également à cause de vos genoux que vos entraînements sont allégés?

D'une façon générale, j'ai besoin de moins d'entraînement qu'avant, mais c'est pareil pour tout le monde. On travaille plus quand on est jeune. Et quand je vais m'entraîner, c'est généralement avec un objectif précis, améliorer mon retour de service, mon revers, etc. Et pour Toni, discuter fait aussi partie intégrante de la préparation. En tout cas, avec lui, on va faire en sorte que je joue le plus souvent possible.

Voyez-vous une dimension artistique dans le tennis?

L'image d'un beau court de tennis peut être de l'art. Dans le jeu lui-même, la dimension «duel», surtout dans des matchs importants où il y a beaucoup de tensions, apporte quelque chose sur le plan émotionnel qui est unique et difficile de retrouver dans un autre sport.

Vous nous avez donné rendez-vous dans une galerie, êtes-vous un amateur d'art et avez-vous des toiles chez vous?

Je ne connais pas grand-chose à l'art. Je sais juste que j'aime ceci et pas cela, tel ou tel style. Par exemple, j'aime bien la toile qui est là-bas de Ricard Chiang (il montre). Et je ne peux pas vraiment avoir de toiles chez moi, parce que je n'ai pas de maison à moi. J'habite chez mes parents.

Et vous-même, comme artiste, qu'est-ce que vous valez?

La vérité, c'est que je suis nul. Je suis incapable de dessiner une maison. Et avec la musique, c'est pareil. Je suis un vrai désastre. À l'école, j'avais tout juste la moyenne.

Et dans quelle matière obteniez-vous les meilleures notes alors?

L'éducation physique évidemment et l'histoire, aussi. Mais je n'avais pas beaucoup de temps pour aller à l'école. Trois heures le matin, deux heures l'après-midi. Le reste du temps, j'étais sur le court ou sur un terrain de football. Et au moment de faire mes devoirs, j'étais complètement épuisé. Mais j'ai terminé mes études secondaires obligatoires et les trois mois qu'il me restait, alors que j'aurais pu venir jouer les juniors à Roland-Garros. Ce n'est qu'ensuite que j'ai décidé de me consacrer au tennis…

Lil

29/05/2012 20:55

On parle beaucoup des conditions de jeu sur le Central. A l’instar d’autres joueurs, c’est un court que tu n’aimes pas trop, avec ce vent qui fait parfois débat ? Je ne suis pas le joueur le plus indiqué pour dire que je déteste ce court ! (Rires) Les conditions, c’est vrai, ne sont pas forcément faciles. Il y a un vent tourbillonnant qui semble parfois bizarre. Mais j’adore ce court, il est très charismatique, il représente énormément pour moi, comme pour l’histoire du tennis. (Remy Cap-Vert)